𝗠𝘂𝗴𝗶𝗻𝗮: 𝗩𝗲𝗿𝘀 𝗹𝗲 𝗺𝗼𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝗲́𝗿𝗶𝘁𝗲́ 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝗽𝗼𝗽𝘂𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻

Société

: publié Mardi, le 17/06/2025 par NDAYISHIMIYE Emmanuel

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𝘼 𝙈𝙪𝙜𝙞𝙣𝙖, 𝙡𝙚𝙨 𝙫𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙚𝙨 𝙙𝙚𝙨 𝙫𝙞𝙤𝙡𝙚𝙣𝙘𝙚𝙨 𝙥𝙖𝙨𝙨𝙚́𝙚𝙨 𝙚𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙢𝙚́𝙢𝙤𝙞𝙧𝙚, 𝙚𝙨𝙥𝙤𝙞𝙧 𝙚𝙩 𝙚𝙭𝙞𝙜𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙙𝙚 𝙟𝙪𝙨𝙩𝙞𝙘𝙚.

En ce mardi 17 juin 2025, l’émotion était palpable dans la commune de Mugina. A l’occasion de l’affichage des listes provisoires des victimes des violences ayant secoué le Burundi entre 1985 et 2008, de nombreux habitants se sont rendus aux points d’affichage pour consulter les noms. Une étape cruciale saluée par la population comme un acte fort de mémoire et de reconnaissance, fruit du travail mené par la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).

« 𝙐𝙣 𝙥𝙖𝙨 𝙞𝙢𝙥𝙤𝙧𝙩𝙖𝙣𝙩 𝙫𝙚𝙧𝙨 𝙡𝙖 𝙙𝙞𝙜𝙣𝙞𝙩𝙚́ » : 𝙡𝙚𝙨 𝙩𝙚́𝙢𝙤𝙞𝙜𝙣𝙖𝙜𝙚𝙨 𝙥𝙤𝙞𝙜𝙣𝙖𝙣𝙩𝙨 𝙙𝙚𝙨 𝙝𝙖𝙗𝙞𝙩𝙖𝙣𝙩𝙨

Parmi les personnes rencontrées par les journalistes de la Radio-Télévision Nationale du Burundi (RTNB), plusieurs voix se sont élevées pour exprimer gratitude et douleur.
« Nous remercions la CVR pour ses efforts. C’est un pas important », a déclaré Gahungu Bosco. Mais au-delà de la reconnaissance, les attentes restent fortes. « Nous espérons aussi des indemnisations pour les familles touchées. » Le traumatisme lié aux fosses communes reste profond : « Si les corps étaient exhumés et inhumés dignement, cela apaiserait nos cœurs. »

𝙐𝙣𝙚 𝙢𝙚́𝙢𝙤𝙞𝙧𝙚 𝙚𝙣𝙘𝙤𝙧𝙚 𝙫𝙞𝙫𝙚 : 𝙡’𝙖𝙗𝙨𝙚𝙣𝙘𝙚 𝙙𝙚 𝙨𝙚́𝙥𝙪𝙡𝙩𝙪𝙧𝙚, 𝙪𝙣𝙚 𝙨𝙤𝙪𝙛𝙛𝙧𝙖𝙣𝙘𝙚 𝙘𝙤𝙣𝙩𝙞𝙣𝙪𝙚

Le deuil est impossible pour nombre de familles burundaises, empêchées de faire leurs adieux dans la dignité.
« Le fait de ne pas savoir où reposent nos proches, ou de savoir qu’ils sont dans des fosses communes, nous empêche de tourner la page », confie un habitant. La mémoire des victimes, loin de s’effacer, alimente un besoin de justice et de réparation toujours aussi pressant.

𝙍𝙚𝙨𝙩𝙞𝙩𝙪𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙙𝙚𝙨 𝙗𝙞𝙚𝙣𝙨 𝙨𝙥𝙤𝙡𝙞𝙚́𝙨 : 𝙪𝙣𝙚 𝙖𝙪𝙩𝙧𝙚 𝙛𝙖𝙘𝙚𝙩𝙩𝙚 𝙙𝙚 𝙡𝙖 𝙧𝙚́𝙘𝙤𝙣𝙘𝙞𝙡𝙞𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣

En plus des réparations morales, les citoyens réclament aussi des réparations matérielles.
Maisons, terres, bétail, véhicules : de nombreux biens ont été perdus durant les années de conflit. « Il est difficile de reconstruire sa vie quand on vit dans la précarité causée par la guerre », explique Mbonimpa Fabien. Il en appelle à l’Etat pour une restitution équitable.

𝙀𝙣𝙩𝙧𝙚 𝙛𝙤𝙞 𝙚𝙩 𝙚𝙨𝙥𝙚́𝙧𝙖𝙣𝙘𝙚 : 𝙘𝙤𝙣𝙨𝙩𝙧𝙪𝙞𝙧𝙚 𝙪𝙣𝙚 𝙧𝙚́𝙘𝙤𝙣𝙘𝙞𝙡𝙞𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣 𝙨𝙞𝙣𝙘𝙚̀𝙧𝙚

Malgré les blessures encore ouvertes, la volonté de tourner la page reste présente.
« En tant que Burundais croyants, nous avons la capacité de pardonner », a affirmé Gahungu Bosco. « Mais pour que le pardon soit sincère, il faut que la vérité soit connue, que justice soit rendue et que les victimes soient honorées. »

𝙋𝙡𝙪𝙨 𝙙𝙚 2 000 𝙫𝙞𝙘𝙩𝙞𝙢𝙚𝙨 𝙞𝙙𝙚𝙣𝙩𝙞𝙛𝙞𝙚́𝙚𝙨 𝙖̀ 𝙈𝙪𝙜𝙞𝙣𝙖

Selon les chiffres provisoires de la CVR, la commune de Mugina compte déjà plus de 2 000 victimes identifiées. Un chiffre qui témoigne de l’ampleur des drames vécus par cette communauté. La reconnaissance officielle de ces victimes constitue un tournant essentiel dans le processus de mémoire, de justice et de réconciliation nationale.