Les rapports de la Commission Vérité -Réconciliation (CVR) au terme de son mandat sur les violences des années tragiques qu'a connues le Burundi, vont servir à la réécriture de "l'histoire la mieux partagée" du pays. Cette déclaration a été faite par le président de la CVR Pierre Claver Ndayicariye mardi 21 mars 2023, lors de la présentation du rapport des réalisations de cette commission devant les cadres, les fonctionnaires et les jeunes scolarisés et non scolarisés des différents secteurs socioprofessionnels de la province de Gitega.

Après échanges et débats sur les résultats de quatre années d'investigations sur les événements tragiques qui ont endeuillé le Burundi durant la période 1885-1973, le président de la CVR a laissé entendre que trois principales préoccupations des participants à ces assises ont retenu l'attention de cette commission.

La première préoccupation concerne une histoire restée longtemps cachée selon le président de la CVR. Pour Pierre Claver Ndayicariye, il faut d'abord disséminer l'information relative aux violences des années sombres de l'histoire du Burundi jusqu'à la base, car pour lui, la CVR est en train de découvrir une vérité des violences que les pouvoirs d'hier ont cachée à la nation burundaise. Il a expliqué que cette dissémination de l'information des rapports de la CVR doit quitter le sommet pour atteindre la colline en passant par la province et la commune, précisant que cette activité vient de débuter par la province de Gitega.

La deuxième principale préoccupation concerne la réécriture de "l'histoire la mieux partagée" selon Pierre Claver Ndayicariye. Pour le président de la CVR, il n'y a pas de livres des historiens burundais ou étrangers qui parlent des fosses communes ni des livres qui détaillent les violences des années 60, 65, 69, 72 et 73.

A ce sujet, Pierre Claver Ndayicariye a laissé entendre que la CVR va produire une partie de la vérité qu'elle va atteindre grâce aux archives, grâce aux auditions et aux investigations diverses. Et de préciser que les documents contenant les rapports qui seront produits vont servir, pour l'équipe qui sera désignée, à la réécriture de "l'histoire la mieux partagée " car, a-t-il expliqué, nous avons aujourd'hui une histoire manipulée et cachée.

La troisième préoccupation qui est la plus pertinente selon Pierre Claver Ndayicariye concerne les veuves qui s'expriment par rapport à leurs biens spoliés. Pour lui, il y a des gens qui ont été privés de leurs maisons, de leurs véhicules ou de leurs comptes en 1972 et même dans les années d'avant ou d'après, parce que quelqu'un a décidé d'être propriétaire.

Les réclamations sont légitimes" a déclaré Pierre Claver Ndayicariye qui affirme par ailleurs que l'attente est longue pour réhabiliter ces victimes, mais qui recommande aussi la patience parce que le chantier de la vérité et de la réconciliation a plusieurs facettes. Selon le président de la CVR, le mécanisme de la justice transitionnelle touche les réparations, la réconciliation, les indemnisations etc.

Le président de la CVR a précisé que pour que ce chantier soit utile à la nation, il faut qu'il soit un chantier de vérité au service de la réconciliation.

Pour terminer, Pierre Claver Ndayicariye a demandé aux burundais d'enseigner aux gens l'amour, le patriotisme et la vérité, de refuser toute haine, toute division, tout mensonge et de prêcher le vivre ensemble et le survivre ensemble.