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L’Etat du Burundi appelé à reconnaitre le génocide des Bahutu de 1972

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: publié Vendredi, le 11/06/2021 par BARANGENZA Laurent

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Le Sénat burundais a organisé ce vendredi 11 Juin la quatrième conférence de témoignages et de réflexion sur les évènements de 1972, sous le thème général : Se souvenir et bien qualifier les évènements de 1972 au Burundi.

Animée par l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya, cette quatrième conférence était intitulée : «Un génocide occulté pat l’Etat burundais et la communauté internationale. Le génocide des Bahutu du Burundi 1972-1973 ».

Après avoir confronté plusieurs sources, l’ancien Président Sylvestre Ntibantunganya a conclu qu’en 1972 un génocide a été commis par l’Etat Burundais contre le groupe ethnique des Bahutu du Burundi. Pendant cette période l’Etat du Burundi était dirigé par le président Michel Micombero mais le nom de Arthémon Simbananiye revient également souvent dans les écrits sur ce génocide, a indiqué Sylvestre Ntibantunga. Pour lui, le génocide a été commis par l’armée burundaise, l’administration de l’époque et le parti Uprona à travers son mouvement intégré la JRR (Jeunesse révolutionnaire Rwagasore) et les moyens de l’Etat, comme les camions militaires ont été utilisés par les bourreaux.

Selon le conférencier, les Bahutu du Burundi se sont retrouvés face à un pouvoir sans foi ni loi, un pouvoir criminel, alors qu’ils n’avaient aucun moyen de se défendre. Les bourreaux ont réussi à massacrer les gens, parce que dans les traditions, les burundais avaient la culture du respect à l’autorité. Au moment du génocide, certaines missions diplomatiques (France, Belgique, Etats-Unis) ont été au courant des faits mais n’ont jamais rien fait pour arrêter cette machine à tuer actionnée par le pouvoir de Micombero sous prétexte de protéger les Batutsi contre l’extermination par les Bahutu.

Dans certains médias internationaux comme les journaux : Le Soir, Le Monde, La Libre Belgique, le mot génocide est souvent apparu dans leurs articles. Des voix ont tenté de dénoncer ce dérapage mais n'ont pas été entendues, notamment l'Eglise catholique et les Nations Unies. Certains pays comme le Congo et la Tanzanie ont soutenu le président Michel Micombero qui leur avait fait croire à une attaque; mais quand ils ont découvert la vérité ils ont retiré leur soutien.

Le conférencier et les témoins ont été unanimes à affirment que les exécutions sans jugement des Bahutu étaient suivies d'une spoliation de biens, meubles et immeubles, organisée et exécutée par les institutions de l'Etat.
Dans sa communication, le conférencier a déclaré que ces exposés, résultant des recherches effectuées sur une quarantaine d’années ‘’ne constituent pas du tout’’ un procès contre les Tutsi ni un plaidoyer pour les hutu, mais c’est plutôt un plaidoyer pour la vérité’’, afin de protéger les générations actuelles et futures. Pour l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya, la découverte de la Vérité sur ces événements libère les cœurs meurtris, que ce soit les survivants, les auteurs, les témoins etc.

L’exposé de Sylvestre Ntibantunganya a été suivi par de nombreux témoignage des gens qui ont vécus les scènes horribles, plaines de méchanceté, des femmes qui se rappellent comment leurs maris ont été enlevés par leurs bourreaux et qui ne sont plus revenus.

Parmi les témoins Anatole Kanyenkinko affirme que ce génocide a été indéniablement commis par le pouvoir de l’époque. Il se rappelle comment au Collège Don Bosco à Ngozi, un camion militaire est venu embarquer les noms des élèves que les bourreaux appelaient sur des listes préalablement établies et les conduisaient à la mort. Anatole Kanyenkiko ancien Premier Ministre a précisé aussi qu’après 1972, il y a des écoles qui n’ont pas pu ouvrir à la rentrée scolaire parce que les effectifs étaient insuffisants, élèves et les enseignants hutu avaient été tués. Ceux qui étaient restés ont été réorientés vers d’autres écoles.

Amissi Ntangibingura a pris la parole et a raconté comment à l’Athénée de Bujumbura, les élèves Hutu, de grands sportifs ont été embarqués, à l’heure du repas, pour être tués par les militaires. C’est par miracle qu’il a échappé à cette machine à tuer de Michel Micombero et ses collaborateurs dans ces tueries.

Prenant la parole, le Vice-président du Burundi Prosper Bazombanza affirme que finalement le Burundi a été dirigé par des ‘’extraterrestres, n’ayant aucun sens de l’humanité’’. Prosper Bazombanza se demande comment s'il y avait eu rébellion hutu la répression pouvait s'étendre sur tout le pays alors que cette rébellion était bien localisée. Il appelle les autres burundais qui ont des témoignages à avoir le courage de s’exprimer pour que tout le peuple burundais soit libéré de ce passé sombre.

Les différents intervenants dans cette conférence ont félicité le Sénat pour avoir organisé ces séances de réflexion et de témoignages sur les évènements de 1972. Ils ont remercié également le gouvernement du Burundi responsable et laborieux qui a donné cette occasion de s’exprimer librement sur les malheurs qu’ils ont vu vécu en 1972. Les témoins ont également remercié le conférencier pour avoir précisé que ce génocide a été commis par un groupe restreint de gens qui voulait exterminer tous les Bahutu du Burundi en commençant par les élites, les commerçants, les étudiants...
Ces intervenants disaient qu'il ne s'agit pas du tout d'incriminer les tutsi, certains affirment d'ailleurs avoir été cachés ou avertis par leurs compatriotes tutsi pendant les opérations de chasse à l'homme.

Pour conclure, Sylvestre Ntibantunganya a interpelé le gouvernement : « Il faut que, sans tarder, le gouvernement du Burundi, à travers ses institutions reconnaisse ce génocide des Bahutu du Burundi de 1972 ». Pour le conférencier, il est aussi temps pour la communauté internationale de reconnaître ce génocide. Il a demandé au gouvernement d’accorder suffisamment de moyens à la CVR pour que cette commission puisse aller jusqu’au bout dans la découverte de la vérité sur ces évènements douloureux.

L’objectif n’étant pas de susciter un esprit de vengeance mais de guérir et libérer les âmes meurtries, favoriser la réconciliation afin de léguer à la jeunesse un Burundi meilleur. Le nombre des victimes du génocide des Bahutu du Burundi en 1972-1973 est estimé entre 150000 et 200000 personnes selon Sylvestre Ntibantunganya.



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