La province Bururi peut être considérée comme la plus sinistrée des massacres de 1972 a déclaré ce vendredi le président de la Commission Vérité et Réconciliation, Pierre Claver Ndayicariye, lors de la présentation des résultats des enquêtes, investigations et auditions effectuées en province Bururi, du 8 Février au 13 Mars 2021. C'est la province qui enregistre le plus grand nombre de fosses communes de 1972 et qui a produit le plus grand contingent de réfugiés en Tanzanie.

La CVR a déjà auditionné 170 personnes dans les six communes de la province et a vérifié 68 fosses communes lui signalées par la population. La CVR a excavé 11 fosses communes parmi celles vérifiées et confirmées. De ces 11 fosses commune, la CVR a retiré 1455 victimes des massacres de 1972. Selon Pierre Claver Ndayicariye, une de ces fosses communes avait des dimensions impressionnantes : la fosse de la commune Bururi, zone Bururi, colline Kiremba, sous colline Rwankoma, avait une longueur de 8,25 m, une largeur de 3,70m et une profondeur de 5m. La CVR y a exhumé des ossements de 523 victimes.

Dans l'ancienne Ecole Normale Kiremba Sud, la CVR a pu retrouver les noms de 101 victimes sur les 125 élèves assassinés et/ou disparus. Les dossiers des élèves renseignent sur les noms des parents, la province, la commune, la colline d'origine de chaque élève et l'année de fréquentation. Cette école a également perdu de nombreux enseignants, a affirmé Pierre Claver Ndayicariye.

Le président de la CVR affirme aussi qu'en plus des ossements, la CVR a exhumé les effets personnels des victimes comme les montres, les ceintures, les pièces de monnaie, mais aussi les outils de tortures comme les cordes et les blocs de pierre utilisés pour achever les victimes. Le président de la CVR affirme aussi que plusieurs personnes ont été jetées dans le rivières Jiji, Siguvyaye et Murembwe. Par ailleurs Bururi est la seule province à avoir subi les attaques des assaillants dits "Mayi Mulele".

Selon le Président de la CVR, le travail de la CVR ne se fait pas sans difficulté, des ouvriers de la CVR ont été intimidés par quelques présumés auteurs .Des témoins qui disent que rien ne s'est passé à Bururi et des citoyens qui désorientent volontairement la CVR pour fausser la localisation géographique des fosses communes.

La CVR a constaté que très peu de présumés auteurs demandent pardon. Pour eux la responsabilité de la crise de 1972 est à chercher du côté de l'Etat. Mais une famille a formellement demandé pardon à une autre : la CVR a expérimenté ce cas sur la colline Gisisye en zone Matana.
Selon la CVR, la province Bururi est d'une sensibilité particulière sur le plan géographique et historique. La crise de 1972 a frappé de plein fouet la province Bururi, les séquelles sont encore perceptibles.

Le familles des victimes réclament en général : réparations, levée de deuil, remise des biens pillés, déclaration de l'autorité publique que les leurs n'étaient pas des Bamenja; autrement dit la réhabilitation de leurs familles.

Le travail de la CVR n'est pas terminé, prochainement la CVR va lancer une autre opération d'enquête et exhumation dans les communes de Vyanda, Songa et Rutovu. La CVR va également consulter plusieurs archives administrative sur les fonctionnaires arrêtés et tués en 1972 dans certaines établissements secondaires de Bururi. La CVR compte sur l'appui des pouvoirs publics et des autorités de la province Bururi dans la réussite de sa mission.